La marée noire

Parfois je le sens, je peux tuer
Ne restera que des oeuvres de moi
Vieilles croûtes insignifiantes tant il y en a
Anecdotes anodines que l'on contera
Pas longtemps, les jours qui suivent
Et puis un long silence, comme un lac la nuit
Je ne suis rien
Des toiles, des masques de mots
Quelques photos, instantanés de vie
La pièce sera vide
Le grand cirque châpiteau démonté
Toutes ces questions
Et cet amour que je refuse
Refouler les ouragans des hémisphères
Me noyer dans les pigments
M'imprégner de mes délires
La douleur de l'invivable
Alors fermer les yeux
Je te vois passer sans laisser de trace
Juste une ligne, quelques lettres
Humer l'air, avoir l'oeil, glisser le long de l'amer
Un aurait voulu être né avant
Être plus vieux que maintenant
Avoir connu les délires des papillons noirs
Je veux mourir près de la mer
Ici, ce n'est que bonheur chimique
Et je souffre mais j'y retourne
Je ne peux plus me passer de ça
Je ne peux plus me passer d'eux

Ils sont libres
J'impose, pour eux, cette liberté
Oui, ils sont libres
De venir, de passer
De me parler, me consulter
De voir, de sentir
D'apprécier, de détester
Ils sont même libre de me toucher
Je suis là pour ces hommes libres
Je n'aime que la présence et la fidélité
Mais qui est entier?
J'en demande trop peut-être
Mais ils viennent se plaindre
Et à chaque fois, je suis là
Où est mon "homme de verre"?
J'aurais voulu écrire
"J'irai cracher sur vos tombes"
Lui éructer ainsi toute ma haine
Elle, elle !
La frapper
Encore et encore, et encore
Sortir de moi toute cette misère
M'asseoir sur les rochers
Attendre que la mer monte
Je regarde l'instant, je le fixe
La vague roule, court, se brise
Lac et huile ensuite
Me noyer
Prendre rendez-vous avec la marée
Là laisser me recouvrir sans résister
Enterrer et ensevelir tous mes rendez-vous manqués
Je ne veux plus être gentille
Parfois
Je le sens, je le sais
Oui, parfois
Je peux tuer



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Edité le 8/09/2006

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Le titre est bien choisi
les mots sont durs
Est-ce un cri?

"Saisons perdues en oraisons,
Moissons perdues sans rébellion."
Le soleil est noir (Tri Yann)

Bises, Le Troll.

irOise a dit…

Un cri d'il y a presque un an, octobre...
Parfois les douleurs ressurgissent
C'est pour cela qu'il me fallait effacer les traces de "l'autre côté"
Tout est toujours là, alors, de temps en temps, les mots sont plus durs, je suis moins "gentille", et ma sensualité fout le camp.

Je ne connais pas cette chanson de Tri Yann mais les mots me parlent...sans rébellion...c'est presque ça.

J'aime beaucoup "Belle Virginie" sur "Marines"

A plus tard, d'un côté ou de l'autre
'rOise

Anonyme a dit…

Bonsoir irOise,

"Le soleil est noir" est une chanson de forme celtique et fut créer après le naufrage de l'Amoco Cadiz le 16/03/78.
La dureté des propos n'entraîne pas forcémént la méchanceté, ni la perte de sensualité. C'est peut-être un appel à tout cela justement. Dans ce que j'entends à travers ce texte.

Belle soirée, Le troll.

irOise a dit…

Ce que l'on croyait vrai et qui est faux, ce que l'on croyait amour et qui n'est que sexe, ce que l'on croyait amitié et qui n'est qu'usurpation.
On peut ête hédonniste sans blesser les autres n'est-ce pas?...n'est-ce pas?!?
Et bien visiblement, Île ne le sait pas, Île n'a pas d'état d'âme, Île confond hédonnisme et égoïsme et Île laisse des traces de douleurs qui mettront longtemps à cicatriser.
Il ne me reste plus qu'à mettre cela en peinture, et c'est cela qui est le plus difficile, exprimer sans écrire un mot, exprimer sans se blesser encore plus, exprimer sans détruire, ni l'autre ni soi-même.
Alors, j'essaye de faire comme ces mots de Patricia Guenot, laissé de l'autre côté avant que je n'efface les traces par un autre blogger au beau site à présent supprimé. Il m'avait dit: "Fabienne, brûle ta mémoire".....

Ce soir, j'ai décidé de brûler ma mémoire
Dont les limbes glacés aux couleurs de l'hiver
Condamnent mes désirs au bûcher de l'enfer
Dans une frénésie de sanglots dérisoires

Les chagrins du passé entachent mon histoire
D'un défilé poisseux de fantômes pervers
Portant en étendard mes souvenirs amers
Dont le flot incessant nourrit mes idées noires

A force de regrets, j'enterre l'avenir
Au milieu du désert dépourvu de plaisir
Où j'erre obstinément à l'orée de mes peines

Demain, je partirai pour un monde meilleur
Guidée par la clarté d'une aurore sereine
Dont les feux détruiront les spectres du malheur.

Parfois, par moment, un geste, une odeur, un souvenir les yeux fermés, des lieux ensemble visités...et tout me revient comme si c'était hier.
Pas facile de brûler sa mémoire...

Merci de tes passages Troll

Anonyme a dit…

Tu fais les questions et les réponses. Tu sais que la souffrance peut-être salvatrice, comme la beauté destructrice.
Le soleil peut-être un sale temps, comme l'eau peut noyer.
Les mots n'ont jamais remplacé les sentiments, je dirais même qu'ils les trahissent.
Je ne sais que dire.

Je t'embrasse, Le Troll.