Le voyage en train

Nouveau jour, nouveau départ
Inattendu, rails de vie
Rencontre d'un train direct
Embarquement express
En douceur, sans couchette
En duo, fibres parallèles
Prendre le temps
Se laisser mener
Être guidé, aiguillé
Savourer l'attente, l'arrivée
Silloner au quotidien
Se goûter à long terme
Tracer son chemin
Changer de voie ferrée
Il nous entraîne
Le fil conducteur
Ecouter sa voix, Ferré
"Et leurs baisers au loin les suivent"
Sous ces mots d'Aragon
Attachés les uns aux autres
Ondes et wagons
Se propageant dans la même direction
Nous sommes en lignes
Double esquissé lascivement
Flânant conjointement
Un train d'en faire
Ce convoi de fer
Le chemin de traverse
Ballottés sur la voie
Sans plus d'arrêt
Sans nulle barrière
Chevauchant les billes de bois
En partance sur la banquette
La jouissance d'une seule gare
Aucun horaire
Un aller simple
Le grand voyage, le même désir
Cette rencontre férroviaire
Et tout devant le premier wagon
Locomotive
Un nouvel horizon


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Edité le 2/09/2006

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans les hoquets du piano La
Un départ pour tous les horizons
est-ce ainsi que les hommes vivent
Rencontre du temps, de l'autre
Et leurs baisers au loin...
voie désafectée, train fantôme
La réalité se rêve et le rêve...

Douce nuit, Le Trolleybus.

irOise a dit…

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.


Louis Aragon

Comme des soleils révolus y rajoutait Bernard Lavilliers. C'est aussi grâce à lui que j'ai découvert Aragon et ce magnifique texte.
J'aime les voyages en train, prendre le temps de savourer, généralement le nez collé (et pas grillé!) à la fenêtre, découvrir ce qui défile devant mes yeux, une belle musique dans le mp3.... la Bretagne est malheureusement mal désservie à partir de Bruxelles, elle se mérite.

Douce soirée à toi aussi
=)

Anonyme a dit…

Bonjour Iroise

Je n'arrive plus à lire ce texte sans le chanter à la manière de Ferré ou Lavilliers justement. Il me faut un moment pour que la musique se dissipe. Très beau texte.
"La femme est l'avenir de l'homme"
disait Aragon et Le Troll dit qu'il est évident que sans la femme l'homme aura du mal à se reproduire.;o)
Sur le vinyl de Lavilliers cette chanson est à la fin de la deuxiéme face et la dernière note s'éternise sur le sillon. Je ne sais si cela était voulu ou si c'est mon 33 qui a un défaut, mais je laissait le disque tourné longtemps après la fin, parfois sans m'en rendre compte et parfois pour ne pas rompre le charme de tout ce que cela évoquait pour moi.
"tout se mérite rien est acquit"
A qui?

Belle journée, Le Troll.

irOise a dit…

Non non, ce n'était pas un défaut Par contre, cela me faisait penser à un bruit de pales d'hélicoptère qui s'envole...
Rhaaa, plus moyen de remettre la main sur ce disque !

Anonyme a dit…

Bonsoir Iroise,

Oui un Hélicoptère ou le bruit que font les jonctions des rails sous un train.
je l'ai sous la main mais je n'ai plus de platine pour l'écouter et le cd ne fait pas de bruit.
Ah! nostalgie...

Belle soirée, Le Troll.

irOise a dit…

Plus la platine, quel manque cela doit être. J'avoue avoir gardé cette merveilleuse chose, j'écoute encore mes vinyls avec délectation....et avec les griffes aussi !